Friday, February 28, 2014

CHÈRE UKRAINE...



Chère Ukraine,

Permets-moi tout d'abord de te tutoyer. Tu ne me connais sans doute pas, mais moi, je te connais un petit peu, au-delà du registre strictement géographique. Je ne suis pas sûr que les raisons pour lesquelles j'ai conscience de ton existence te plaisent toutes. Cela étant dit,  je suis là pour te parler franchement, sans rien te cacher.

J'ai d'abord fait ta connaissance à travers la réputation des filles de ton pays, qui ont été, pendant longtemps, les danseuses de cabaret les plus prisées dans le mien. La proportion de tes ressortissants de sexe féminin dans ce secteur d'activité a en effet atteint des sommets tels après la chute du mur de Berlin, que les blagues de mauvais goût et autres associations d'idées malsaines les concernant faisaient partie du folklore grivois de nos rue, dans les années 90. Il faut dire, d'une part, que l'argent a toujours bien circulé chez nous, et que nombre de mes compatriotes ne débordent pas d'imagination pour le dépenser. Il faut aussi admettre, d'autre part, que les créatures ukrainiennes qui s'exportaient dans nos cloaques possédaient, pour l'immense majorité d'entre elles, une beauté aussi rare qu'exotique, par rapport aux standards locaux. Je te précise tout de même que je n'en ai personnellement jamais profité, à part pour me rincer mon œil d'adolescent pubère en épiant l'arrivée des autocars qui déposaient les artistes sur leur lieu de travail, à la tombée de la nuit.

Je t'ai connu ensuite sous un autre angle, à travers les traits d'Andreï Chevtchenko, ta star du football à toi, dont j'admire jusqu'à aujourd'hui encore les faits d'armes comme les distinctions sur le plan sportif. Sa Vista devant le but adverse, la puissance de ses frappes ou encore son physique de beau gosse, étaient autant de qualités que j'associais inconsciemment à ton peuple et ton histoire, dont je ne connaissais encore pratiquement rien à l'époque où le monde du football gratifia ton champion d'un ballon d'or. C'était l'année qui marquait également le début de ta fameuse "révolution orange".

C'est d'ailleurs à l'occasion de cet évènement crucial que j'ai eu l'occasion de faire plus ample connaissance avec tes figures politiques et la problématique stratégique inhérente à ton territoire, pris en étau entre les grands acteurs des guerres mondiales, puis de la guerre froide, dont mon propre pays d'origine a été une victime collatérale. C'est à la même époque où j'ai fini par mémoriser que Sergueï Prokofiev ou Nikola Gogol faisaient partie de ton patrimoine culturel. Avant cette date, je considérais en effet les Slaves comme certains considèrent les Arabes, les Juifs, les Asiatiques ou les Africains : un grand ensemble homogène de gens qui se ressemblent et qui partagent une culture vaguement commune. Je te présente d'ailleurs mes excuses pour avoir vécu aussi longtemps dans le vide de mon ignorance à ton sujet, un vide que je suis encore loin d'avoir totalement comblé.

Si je décide de t'écrire aujourd'hui malgré ces lacunes, c'est pour te donner un conseil que je me sens obligé de te donner, vu les ressemblances qui existent entre le destin de mon pays et le tien. Ce conseil a été préalablement formulé par un ami et compatriote à moi dont je me permets de te retranscrire les paroles, en te laissant juge de leur degré de sagesse et de pertinence au regard de la situation critique dans laquelle tu te trouves aujourd'hui :


Chère Ukraine,

La guerre civile, ça ne marche pas. 
Ne t'embarque pas là-dedans, c'est stupide.

Sincèrement,

Le Liban, avec ses quinze ans de guerre civile, ses 24 ans de reconstruction foireuse, ses 250,000 morts, ses 60 milliards de dettes et son armée d'accros aux antidépresseurs.

PS : La Syrie te passe le bonjour. 


Voilà, en espérant que quelqu'un qui parle aussi bien le français que l'ukrainien te fasse passer le message et que tu gardes en tête que le procédé de déstabilisation qui t'a fait basculer dans le chaos a déjà été testé sur nous il y a près de 40 ans.

Puisse ta jeunesse être épargnée par les turpitudes de ses aînés.


Il ya des terreaux plus fertiles que d'autres.



Fyldar Jones,
Sexssayiste

Photos : 1) Danseurs ukrainiens au Billingham International Folklore festival de 2013. Source : Hartlepool Mail  2) Nayla DE FREIGE, Maria SAAD, Fadlallah DAGHER, L'Histoire illustrée du Liban, Larousse, 1987. Annotation illustrée en marge de la page 54. Notez que les éditions suivantes ont été modifiées, mais j'ignore si ce détail en particulier en a fait les frais.

Contexte : Pour un condensé du contexte global en Ukraine, voir la rubrique Lundi sur terre sur ce blog. Aux dernières nouvelles, le président déchu s'est réfugié en Russie, la partie est du pays, fortement russophile, semble se désolidariser de la prise de pouvoir de Kiev avec l'appui de Moscou, qui ne reconnaît pas le nouveau pouvoir et ne semble pas prêt de lâcher la Crimée. Ci-joint, un dossier complémentaire sur les appuis occidentaux des putschistes ukrainiens.



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RAPPEL

Lundi : Lundi sur terre
Rétrospective condensée de l'actualité de la semaine précédente.
Mercredi : Un Dessin par semaine
Caricature ou illustration.
Vendredi : Billet d'humeur
Certains billets seront peut-être un peu épicés.
Dimanche : Analyse sur actualité choisie ou relais vidéo de la semaine
Certaines analyses seront peut-être un peu austères.

Les différentes rubriques seront publiées aux jours indiqués entre midi et 14: 00 heures (GMT+1). Vous serez informés en amont de toute modification occasionnelle ou définitive.

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Wednesday, February 26, 2014

UN DESSIN PAR SEMAINE (+ ANNONCE)


Contexte : Après avoir profité de la crise ukrainienne pour éviter de tomber dans l'oubli, Bernard-Henri Lévy s'est donné en spectacle lundi soir sur le plateau du grand journal de Canal + dans son registre habituel. Pour ceux qui ne connaissent pas le bonhomme, je vous laisse faire vos recherches et vous forger une opinion au sujet de ce monsieur. Si la mienne vous intéresse, ce petit dessin de mon cru, publié plus haut, complètera à merveille le récent billet qui je lui ai dédié sur ce blog.





ANNONCE GLOBALE :

Le Monde de Fyldar Jones se dote enfin d'un agenda, qu'il s'efforcera de respecter dans la mesure du possible. Les futures publications se répartiront donc ainsi :

Lundi : Lundi sur terre
Rétrospective condensée de l'actualité de la semaine précédente.

Mercredi : Un Dessin par semaine
Caricature ou illustration.

Vendredi : Billet d'humeur
Certains billets seront peut-être un peu épicés.

Dimanche : Analyse sur actualité choisie ou relais vidéo de la semaine
Certaines analyses seront peut-être un peu austères.


Les différentes rubriques seront publiées aux jours indiqués entre midi et 14: 00 heures (GMT+1). Vous serez informés en amont de toute modification occasionnelle ou définitive.


À Vendredi, donc et excellente journée/soirée à tous!

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La rédaction de Fyldar Jones
(C'est-à-dire, moi-même, jusqu'à nouvel ordre)

Monday, February 24, 2014

LUNDI SUR TERRE (24 février 2014)



Le 24 février 2014,

 
Chaque lundi, la rédaction de Fyldar Jones (c'est-à dire, moi-même), vous propose désormais un petit condensé des informations diffusées au cours de la semaine précédente, histoire de vous aider à lutter contre l'amnésie sélective, un mal qui frappe fatalement tout esprit soumis à une surcharge d'information.

Ne parlant pas toutes les langues et pouvant difficilement investir plus de temps dans cet exercice, je vous invite également à compléter cette liste par le biais de l'espace des commentaires, dans lequel vous pouvez bien entendu vous limiter à plébisciter (ou pas) la démarche de votre serviteur, voire à me corriger si nécessaire. Gardez en tête que je modère à la cool, du moment que la courtoisie est au rendez-vous.

Cette rubrique sera divisée en deux sections : la première, sérieuse, sera dédiée à l'actualité géopolitique et sera intitulée "En long, en large et en travers". La deuxième, plus légère, abordera l'ensemble des autres domaines d'information et sera baptisée "En Vrac". Cette classification sera peut-être amenée à évoluer avec le temps. Dans cette optique, vos suggestions sont également les bienvenues.

Bonne lecture.

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Coup d'État en Ukraine : La partition du pays devient une perspective crédible, l'est du pays étant déjà en train de prendre ses distances avec la coalition putschiste de Kiev. Un scénario qui ressemble étrangement à celui de la Géorgie en 2008. On remarquera que l'Europe et les États-Unis ont soutenu des ultra-nationalistes ukrainiens de Svoboda dans cette crise, entre autres opposants au régime, après avoir financé les djihadistes en Syrie. La Russie a par ailleurs plusieurs fois fustigé l'attitude de ses homologues occidentaux au cours de cette période trouble, dans un contexte qui rappelle furieusement la guerre froide. Rappelons que les affrontements entre les opposants et les forces de l'ordre, qui ont précédé le renversement du président Ianoukovitch, élu jusqu'en 2015, ont fait plusieurs victimes des deux côtés. 




Liban : Deux attentats-suicides en une semaine. Le premier a eu lieu mercredi 19 février et a visé le centre culturel iranien, situé non loin de l'ambassade du Koweït et d'un orphelinat. Onze morts et plus d'une centaine de blessés. Le second a eu lieu samedi à Hermel, dans l'est du pays, et visait un barrage de l'armée, faisant trois victimes (deux militaires et un civil). À noter que le Hezbollah est toujours investi en Syrie et que ces attentats ne sont que les derniers d'une longue liste, alors que les forces politiques du pays du cèdre se sont entendues, samedi 15 février, sur la composition d'un nouveau gouvernement, après 10 mois de blocage.




Iran : Les tractations autour du nucléaire iranien se poursuivent. Wendy Sherman, la sous-secrétaire d'État américaine, devait se rendre la semaine passée en Israël, en Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis pour évoquer la question du nucléaire iranien. En début de semaine, l'existence de négociations entre l'Iran et la Russie concernant la construction d'un réacteur nucléaire avait filtré à la veille de la conférence prévue à Vienne sur cette question, réunissant la République islamique, la Chine, le Royaume-Uni, la France, la Russie, les États-Unis et l'Allemagne.




Nigeria : Le groupe armé Boko-Haram menace de s'attaquer aux régions pétrolières du sud du pays, premier producteur de pétrole en Afrique. Rappelons qu'un nouveau massacre avait eu lieu le 15 février 2014 à Izgue, un village du Nord-Est, faisant plus d'une centaine de victimes, après celui de Konduga qui, trois jours plus tôt, avait provoqué la mort de 29 autres personnes. À noter que la situation dans la région n'a cessé d'empirer depuis la chute du régime lybien en 2011, notamment au Mali, en République Centre-Africaine ainsi qu'au Nigeria. La Libye est, quant à elle, dans une situation délétère.


 

Chine : Visite du secrétaire d'État aux affaires étrangères John Kerry à Pékin. Plusieurs sujets sensibles ont été mis sur le tapis (Syrie, Corée, Iran, Tibet...) mais certains observateurs s'accordent à dire que cette visite apparemment courtoise est révélatrice d'une tension croissante entre la première puissance économique mondiale en déclin et de son principal acheteur de bons du trésor, dont l'hégémonie grandissante, la complicité avec la Russie sur plusieurs dossiers et l'appétit glouton pour les matières premières, précieuses et énergétiques deviennent problématiques pour l'avenir des États-Unis.







Venezuela : Les manifestations entre l'opposition et les partisans du gouvernement Maduro, se sont déroulées dans le calme samedi.  Ces manifestations avaient lieu à Caracas ainsi que dans plusieurs villes de province. Rappelons que les premiers sont soupçonnés par leurs adversaires d'être manipulés par l'étranger à travers sa classe bourgeoise alors que les seconds, essentiellement issus de la classe populaire, sont accusés de soutenir une dictature. Rappelons enfin que l'ancien président et artisan de la Révolution bolivarienne, Hugo Chávez, est décédé en 2012 des suites d'un cancer aussi fulgurant qu'opportun pour ses adversaires à l'international, qui lorgnent notamment sur les importantes réserves de pétrole du pays


 
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Économie : Facebook rachète Whatsapp pour 19 milliards de dollars. Le service de messagerie instantanée est par ailleurs tombé en panne dans plusieurs pays trois jours après la transaction. Rassurez-vous : tout remarche comme avant et les utilisateurs des deux plateformes seront sans doute rassurés de savoir qu'ils sont désormais surveillés par les mêmes personnes.


Environnement : La sécheresse qui frappe en ce moment les côtes du Moyen-Orient et d'Asie Mineure laisse augurer le pire sur le plan économique en Turquie. Au Liban, la saison de ski a été catastrophique et les agriculteurs craignent le pire. Le seul point positif, sans ironie aucune, c'est que les réfugiés syriens n'ont pas à subir un hiver rigoureux.



Banques : Les dépôts en provenance de l'étranger sur les comptes italiens vont être taxés à 20% jusqu'à que soit apporté la preuve de leur légalité par leurs bénéficiaires. Une nouvelle qui tombe quelques semaines après la mise en place du SEPA, (Single european payement area) pour lequel le délai de transition a été prolongé. La taxation des comptes chypriotes n'aura pas tardé à faire des émules.


Finance mondiale: Les agences de notations Moody's et Fitch Ratings affirment que le récent vote des Suisses sur l'immigration menace le triple A du pays. À noter également que suite au vote du 9 février, Bruxelles a décidé d'exclure la Suisse des prochains programmes d'échange étudiants Erasmus. À quand l'intervention de l'Otan?


Jeux Olympiques de Sotchi : Triplé français en Ski-Cross de Arnaud Boloventa, Jean-Fréderic Chapuis et Jonathan Midol, le 20 février 2014. Une victoire confirmée ce week-end par le Tribunal Arbitral du Sport à la suite d'une plainte des Canadiens concernant les tenues des skieurs français. Le dernier triplé olympique tricolore aux JO, hiver et été confondus, remonte à 1924... années des premiers JO d'hiver, à Chamonix! Respect, les gars.



Musique : La Manécanterie des Petits chanteurs à la Croix de bois, choeur de garçons créé en 1907, a été placée en redressement judiciaire. Drôle de monde où les vrais chanteurs font faillite alors que l'écrasante majorité des chanteurs pop sont doublés par un logiciel correcteur de tonalité. Luis Mariano et les autres doivent se retourner dans leurs tombes respectives.


Science : Le cerveau disposerait d'une aire chargée de corriger les gestes en cours de mouvement et même évaluer la pertinence des actions entreprises par le corps. Cette surface a été baptisée "aire motrice supplémentaire" et aurait été indentifiée en plantant notamment des électrodes dans les cerveaux de patients épileptiques. C'est dire si on sous-estime les bienfaits de l'excès de jeux vidéo.




Bonne semaine à tous.


Fyldar Jones
Sexssayiste arboricole

Photos :
1) Levé de soleil en montagne trouvé sur ce forum et retouchée par mes soins.
2) Carte des deux Ukraine en 1918, Cybergeo.
3) Le Barrage attaqué à Hermel, Liban, AFP.
4) Wendy Sherman, Reuters
5) Photos représentant des miliciens de Boko Haram, Dakaractu.
6) John Kerry face à ses homologues chinois, Courrierstrategique.
7) Manifestation à Caracas, L'Express.

Sunday, February 23, 2014

SOTCHI A BON DOS



L'édition 2014 des Jeux Olympiques d'hiver, qui se déroulent depuis deux semaines à Sotchi, ville et station balnéaire du krai de Krasnodar (l'équivalent d'un département en France), se terminent dans quelques heures. La cérémonie de clôture aura lieu ce soir à 20 h, heure locale (UTC/GMT + 04:00) et tournera une nouvelle page de cette compétition d'inspiration nordique qui rend hommage aux sports d'hiver depuis 1924, soit pile 90 ans.

Au-delà de quelques embrouilles d'ordre folklorique, comme la polémique entourant la médaille d'or de la patineuse Adelina Sotnikova, le report de certaines épreuves pour cause de brouillard intempestif, ou encore le fouetté cosaque de Pussy Riot, la compétition se sera finalement déroulée dans une bonne ambiance et sans incident majeur. Pourtant, le pari était plus que risqué pour plusieurs raisons, soulevées avec plus ou moins de sincérité par une certaine presse, essentiellement occidentale. Les principaux griefs avancés par celle-ci s'articulaient sur trois axes majeurs, qu'il est possible de résumer ainsi :

1) Le caractère antidémocratique de la Russie.
2) L'incompatibilité de la région de Sotchi avec les sports d'hiver.
3) Ces jeux sont une vitrine géopolitique au service de Vladimir Poutine.

Si ces arguments vous semblent aussi fondés que légitimes, je vous prie tout d'abord de considérer la petite carte ci-dessous (Les cercles de couleur rouge représentent les zones de conflit, le cercle de couleur verte représente le site des Olympiades) :



 En bref et de façon non exhaustive :

+ La Syrie est en guerre contre l'Occident et les pétromonarchies arabes depuis 2011.
+ Le Liban est indirectement impliqué dans cette guerre et est victime d'attentats à une cadence soutenue depuis fin 2013.
+ La Turquie est directement impliquée dans cette guerre. Son gouvernement a dû faire face à de violentes manifestations de la société civile et doit désormais faire face aux retombées d'un scandale politico-financier de grande ampleur.
+ La Géorgie est dans une situation particulière depuis 2008, deux de ses provinces ayant été reconnues unilatéralement comme indépendantes par la Russie. Le conflit est en suspens.
+ L'Ukraine file tout droit vers une guerre civile suite au débarquement du président, hier, 22 février 2014 (on admirera le timing du pic de la crise avec les J.O.).
+ Les attentats de Volgograd, survenus quelques semaines avant le début des J.O. sont une conséquence directe de la guerre secrète que se sont déclaré Saoudiens et Russes en marge du conflit syrien.


Le point commun entre ces conflits : l'implication des Européens et des Etasuniens d'un côté, des Russes et de leurs alliés de l'autre. Les premiers utilisent des mouvements de contestations populaires pour les détourner à leur avantage, les seconds aident les dirigeants plus ou moins légitimes à se blinder. Vous remarquerez la position très centrale de Sotchi sur cette carte.

Pour parachever votre compréhension du problème, je vous prie de bien vouloir considérer également la carte suivante ainsi que le blog de son auteur.





En clair, il ne s'agit pas ici de chercher à savoir qui est dans son droit ou qui a tort, ni de développer la problématique de l'exploitation des ressources et leur acheminement, mais plutôt de se donner les moyens, sans sombrer dans la paranoïa compulsive, d'analyser calmement certaines données générales contenues dans le problème, afin de commencer à comprendre pourquoi telle ou telle presse ou pouvoir politique prendra telle ou telle position tranchée sur un dossier donné et de chercher à approfondir sur le sujet.


Pour en revenir aux arguments opposés par certains Occidentaux pour critiquer les Jeux Olympiques d'hiver de Sotchi, voici ce que l'ont pourrait faire remarquer à leurs auteurs, toujours en bref :

1) Sur le caractère anti-démocratique de la Russie : Alors certes, la pirouette de Vladimir Poutine, ancien membre du KGB, pour réintégrer son costume de président sans abîmer la constitution russe est un modèle du genre. Ceci dit, l'Union Européenne, qui permet à des dirigeants très liés au monde de la finance, de déposséder en toute légalité des populations entières de leur souveraineté nationale même en l'absence de soutien populaire, n'est pas non plus ce que l'on pourrait appeler un exploit en matière de démocratie. La situation des États-Unis, pays dans lequel le président de la République est élu au suffrage universel indirect est aussi sujette à caution sur ce plan. Enfin, les amitiés entre ces deux puissances occidentales et certaines monarchies absolues (Arabie Saoudite) ou constitutionnelles (Angleterre, Jordanie, Maroc) devraient poser de sérieux problèmes de conscience aux esprits véritablement humanistes qui compteraient encore dans les rangs occidentaux.

2) Sur l'incompatibilité de la région de Sotchi avec les sports d'hiver : Cet argument est à double tranchant pour toute presse alignée qui s'en prévaudrait, dans la mesure où la décision de confier l'édition 2022 de la Coupe du Monde de Football au Qatar avait tout au plus donné lieu à un menuet de protestations mesurées. Or, si Sotchi a effectivement dû abuser du canon à neige pour tapisser ses pistes, la faute à la douceur naturelle de son climat, il est question, pour le Qatar de construire de stades climatisés (!) voire même de décaler toutes les compétitions annuelles de football à travers le monde pour permettre à cet évènement de se dérouler en hiver (!!). Dénoncer l'un en oubliant l'autre pose donc un sérieux problème de cohérence.

3) Ces jeux sont une vitrine géopolitique au service de Vladimir Poutine : Les deux cartes présentées plus haut démontrent bien que les enjeux politiques de la région dépassent largement le cadre d'une simple manifestation sportive, fut-elle olympique. Le choix de Sotchi corrobore en effet la volonté du gouvernement russe de créer un nouveau pôle dans le Caucase en profitant de la manne faramineuse qui se cache derrière le contrôle des flux d'énergies fossiles dans la région. Cet argument nie aussi la dimension éminemment géopolitique des Jeux Olympiques depuis leur création pendant l'Antiquité, en plus d'oublier que ce sont ces mêmes motifs géopolitiques qui ont poussé la presse et la classe politique occidentale à rivaliser de discrétion lors de l'épisode du Grand Prix de Formule 1 de Bahreïn, en 2010. La logique suit donc la conscience et la cohérence dans la fosse commune de la sincérité intellectuelle.


Je terminerai en alertant le lecteur sur cet article du Nouvel Obs, rédigé au lendemain des festivités d'ouverture des Jeux, avec un ordre à peine camouflé faisant office de titre "SOTCHI 2014. Pollution, corruption, expropriations : ces JO sont une farce, ignorons-les." et une menace en conclusion, que je me permets de bien isoler du reste du paragraphe pour souligner l'incroyable dérapage qu'il cristallise :

"A vous de choisir votre camp."

Pour ma part, je m'autorise simplement à rappeler que ce n'est pas avec les tripes qu'on a inventé le schmilblick et invite tout un chacun à prendre du recul avant de sauter sur une quelconque conclusion, surtout quand votre interlocuteur, fut-il un organisme de presse, mélange allègrement Logos et Pathos.


Fyldar Jones
Sexssayiste formalisé

Photo : Extrait de la cérémonie d'ouverture des jeux.

Contexte : Les Jeux Olympiques de Sotchi arrivent à leur terme, libérant ainsi les mains du gouvernement russe dont les observateurs attendent désormais la réponse sur le terrain sur les dossiers syrien et ukrainien. Rappelons que la plupart des dirigeants occidentaux impliqués dans ces deux conflits ont boycotté la manifestation, ce qui n'a pas empêché leurs athlètes de briller sur le plan sportif.


Saturday, February 22, 2014

BILAN DE L'OURAGAN DIEUDONNÉ



Il faut se rendre à l'évidence : même sans battage médiatique pavlovien à charge qui fait passer la France pour l'Oceania de Georges Orwell, "l'humoriste franco-camerounais M'Bala M'Bala" fait toujours rire. Pis, les hordes de ses fans, irréductibles néosnazis inversés dégoulinants de haine visqueuse et gammée devant l'éternel, résistent encore et toujours au bon sens comme à la morale en se rendant aux "meetings politiques" nauséabonds de cette créature sortie tout droit de l'enfer.

Plus de 5000 personnes ont donc emmené la bête immonde faire ses besoins au Parc des Expositions d'Avignon, qui compte environ 6000 places. Pendant ce temps, Gad Elmaleh fait tapiner son humour dans une pub pour le Crédit Lyonnais; Jamel Debbouze enchaîne les matchs d'improvisation pour oublier l'échec retentissant son film "La Marche"; Élie Semoun annule ses spectacles faute de public; Michaël Youn fait du Borat bon marché pour essayer de retrouver la flamme d'antan; Patrick Timsit noie son spleen dans le caritatif "géronto-vinicole"; Nicolas Bedos n'assume ni sa grande gueule, ni ses procès; Myriam Leroy joue les gourdes effarouchées à défaut de pouvoir faire rire, alors que Didier Porte, lui, s'est reconverti en laquais de la politique... Une véritable hécatombe.

Bizarrement, les quelques survivants de ce désastre sont pour la plupart des humoristes qui ont soit excercé un certain devoir de réserve lors de la "Croisade Vallsificatrice" (dans la mesure du possible), soit ont plus ou moins ouvertement pris parti pour la cause Dieudonné : Jean-Marie Bigard, l'apprenti quenellier, rassemble encore (1200 spectateurs au Zénith de Rouen cette semaine); Gaspard Proust, le jeune premier, partage certaines cibles avec l'auteur d'Asu Zoa alors que Thomas N'Gijol et Fabrice Eboué préfèrent plagier le maître plutôt que le descendre, non sans un certain talent, il faut bien l'admettre. Mais il ne faut pas se leurrer : l'humour, le vrai, a depuis longtemps déserté le camp du mainstream.

Côté médiatico-politque (les torchons et les serviettes), la situation n'est guère plus brillante : Valls n'en finit pas de compter ses dents; Roger Cukierman s'est senti obligé de tempérer son interprétation de la quenelle; Alain Finkielkraut ne fait (vraiment) plus rire personne; Jean-Jacques Bourdin se fait houspiller par ses auditeurs; Patrick Cohen est devenu une blague à lui tout seul; l'impunité d'Arno Klarsfeld commence à déranger; Meyer Habib et Frédéric Haziza se retrouvent désormais seuls dans leur lutte anti-quenelle; le quotidien Libération est en phase terminale; BFM censure les sondages dont les résultats font tache, alors que les prochaines élections s'annoncent déjà comme la réplique cataclysmique de près de 70 ans de démocratie détournée.


Assis sur une butte, les fesses humides et le nez irrité par la grippe des marais, je contemple ce paysage dévasté avec une certaine satisfaction. Même si la racine du mal est loin d'être annihilée et que Dieudonné ne représente finalement pas grand-chose à l'échelle du monde ou de l'Histoire de l'Humanité, je suis heureux d'avoir pu assister, de mon vivant, à une telle déculottée des institutions qui s'emploient à encadrer mes paroles, mes actes et parfois même mes pensées, depuis que je foule la même terre que vous.

Et ça, ça n'a pas de prix...


Fyldar Jones
Sexssayiste chrysalidé

Photo : Montage de mon cru, intitulé "Dieudouragan".

Contexte : Les 5000 personnes venues assister au spectacle "Asu Zoa" le vendredi 21 février 2014 démontrent que l'humoriste Dieudonné fait toujours rire pas mal de monde, contrairement à ce que prétendent encore ses détracteurs les plus féroces.

Wednesday, February 19, 2014

LETTRE À BOTUL-HENRI LEVY



Bernard... Que va-t-on faire de toi, Bernard...

Je me souviens encore de la première fois où j'ai entendu le nom de Bernard-Henri Levy. C'était dans les années 90 et je devais avoir entre 13 et 15 ans. Lui en avait presque le quadruple et venait de se faire entarter pour la énième fois. Je me souviens avoir alors demandé à un membre de ma famille de le décrire en quelques mots. La réponse fut aussi claire que brève : "ce type, c'est un crétin".

Il faut te rendre à l'évidence, Bernard : contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette description est loin d'être subjective. Tu seras par ailleurs surpris d'apprendre qu'elle émane d'une personne qui a pu apprécier certains de tes livres (notamment celui où tu parles de New York) sans pour autant que cela ne modifie d'un iota son opinion sur l'homme que tu incarnes. Un homme qu'il est désormais difficile de dissocier de l'image de nymphomane du génocide que tu as étalé en marge des "printemps arabes", à laquelle il faut bien évidemment ajouter celle du cuistre savamment identifié par Desproges dans une démonstration qui suffit à te résumer à elle seule. Tiens, on va se la repasser, juste pour le plaisir.






Il avait eu l'œil vif et le mot juste, Desproges. Il t'a vu venir et ne t'a pas raté. En plus, à l'époque, tu n'étais pas encore champion du monde des entartés, avec un total record qui s'élève désormais à sept lancés sur ta face de lune, preuve que tu étais déjà bien grillé aux yeux de certains esprits authentiquement brillants. Mais tu vois, Bernard, il faut aller au-delà de la performance pour saisir le sens profond qui se cache derrière toute cette crème que certaines personnes s'obstinent à vouloir t'étaler sur le visage.

Il est en effet possible de mesurer l'importance et la valeur d'un individu en fonction des moyens qui ont été mis en œuvre par ses ennemis pour lui nuire. Ainsi, certains sont jetés en prison (Mandela), d'autres sont assassinés à coups de missiles (Hüseyin), d'autres encore sont frappés par des cancers inopinés (Chavez), alors que les plus dangereux sont généralement abattus sans sommation (Kennedy, Rabin). Ce principe va au-delà de la distinction entre le bien et le mal et s'affranchit même des opinions personnelles de tout un chacun : ainsi, Timochenko croupit elle aussi en prison, Hariri père a sauté sur 30 kg d'explosifs et même DSK a eu droit à la totale en matière d'humiliation médiatique.

Mais avec toi, Bernard, on se contente simplement de te balancer des tartes à la gueule et de te traiter de boulet. Ça ne t'a jamais interpellé?

Pourtant, tu es relativement dangereux, Bernard. Pas mal de personnes ont pu dénoncer l'influence malsaine que tu exerces, en France, sur le monde de l'édition ainsi que sur une partie des médias. Une influence qui te sert à faire la promotion de tes films (TOUS aussi nuls, faut le faire), de tes livres (il paraît, d'après ton grand ennemi Soral, que seul ton premier bouquin vaut quelque chose) et de tes guerres (enfin, je dis "tes" guerres, mais on se comprend, hein?). Une mainmise que tu n'as aucun scrupule à manier comme un vrai petit président de république bananière, châtiant çà et là les quelques outrecuidants qui auraient eu le malheur de disserter en public sur ta "véritable nature de cuistre", pour reprendre Desproges. 

À ce sujet, Éric Naulleau, qui ne te porte pas dans son cœur mais qu'on ne saurait taxer d'antisémite, de fasciste ou de complotiste (tes motifs privilégiés pour adresser des fins de non-recevoir à quiconque vient te mettre le nez dans ton pipi), l'a clairement énoncé, il n'y a pas si longtemps :

"J'explique l'imposture BHL, c'est-à-dire, absence d'œuvre totale et puis quelqu'un qui, tous les ans, essaye un costume différent. Il a essayé Malraux, mais ça taillait un peu grand. Maintenant il se prend pour Mauriac, plus récemment encore pour Tocqueville, etc… mais, toujours est-il que, effectivement, quand (Catherine) Ceylac lui dit (…) qu'il est quand même étonnant que personne ne veut venir (le confronter en public), que tout le monde a peur, [BHL] demande béatement, alors qu'il le sait très bien : peur de quoi?"

Et pendant que je passe en vignette, on le voit qui se marre, qui refait sa coiffure, qui rajuste son inamovible chemise blanche. Je trouve que c'est une image très, très inquiétante, non seulement de la république des lettres mais de la République tout court, où il y a des parrains, pour revenir à cette image de la mafia, qui font régner une forme de terreur, il faut bien le dire."


La crème du crime organisé?


Bref, ce n'est pas aussi synthétique que du Desproges, mais ça livre malgré tout une image plus que complète du personnage que tu joues, en équilibre sur le dos d'une intelligentsia brimée et d'un contribuable tondu jusqu'à l'hypoderme pour financer tes sorties.

Heureusement que ce que l'on appelle la justice immanente est loin d'être un concept creux et permet aux personnes qui voudraient simplement te voir t'étrangler avec la chantilly de la 8ème tarte qui t'atterrira sur la tronche, de se contenter d'attendre patiemment que tu te prennes tout seul les pieds dans le tapis rouge que tu adores dérouler toi-même en marchant, nez au vent, vers le ravin de ta vacuité.

Voilà, mon petit Bernard, ce que j'avais envie de te dire depuis un moment. Si tu as aimé cet article et que tu souhaites me récompenser pour mes efforts, sache que je me satisferai de toutes les archives inédites qui composent l'œuvre complète de Mme Dombasle que tu pourrais me refourguer (sauf son film avec Kinski, qui ne vaut pas grand-chose). Si par contre tu m'as trouvé déplacé, je te conseille de lire un petit coup de Botul avant de dormir. Tu verras, ça passera tout seul.


Fyldar Jones
Sexssayiste aigre-doux

Photo : 1) BHL et Dombasle en mode "Jacky de luxe" posant pour Paris Match. 2) L'entartage numéro je ne sais plus combien (source AllainJules.com).

Contexte : Après avoir soutenu les "révolutions" arabes dont on peut désormais admirer les retombées désastreuses, notamment en Syrie et en Égypte, BHL est récemment monté au créneau pour soutenir la révolte ukrainienne, ce qui a éveillé chez votre serviteur, l'envie de s'adresser directement à cet entarté de classe mondiale.